Critique : Stillwater (2021)

Stillwater est un film dramatique américain réalisé par Tom McCarthy.

Bill Baker est un ancien foreur de pétrole originaire de la ville américaine de Stillwater, en Oklahoma. Il vit de petits boulots depuis son licenciement. Il se rend à Marseille pour y retrouver sa fille Allison, condamnée à neuf années de prison pour le meurtre de sa petite-amie, qu’elle jure ne pas avoir commis. Sur place, l’Américain est seul et ne parle pas un mot de Français. Il va pouvoir compter sur l’aide de Virginie, une jeune comédienne de théâtre rencontrée par hasard dans un hôtel.


Une fourmis chez les cigales

Après digéré ses deux Oscars avec Spotlight (2016), Tom McCarthy décide de se lance dans un nouveau film d’investigation. Cette fois-ci, le cinéaste s’inspire de l’histoire d’Amanda Knox, une Américaine accusée du Meurtre de Meredith Kercher en Italie en 2007. Un fait divers qui a marqué et passionné Tom McCarthy. Ce dernier ébauche un scénario avec Marcus Hinchey (Love & Secrets) début 2019. Peu convaincu par le résultat, Tom McCarthy décide de collaborer avec deux scénaristes français, Thomas Bidegain (Les Cowboys, Un Prophète) et Noé Debré (Deephan, Le Monde est à toi). L’idée est de retranscrire l’histoire au milieu de la cité phocéenne, dont le cadre fascine totalement le réalisateur. Le projet s’annonce ambitieux, et rappelle French Connection ou encore La Mémoire dans la peau. Est-ce finalement le cas ?

Tout d’abord, le scénario prend en compte chaque caractéristique environnementale pour construire et développer délicatement les personnages. Les enjeux cultivent le suspens et l’évolution relationnel entre les différents protagonistes. Le cocktail culturel fonctionne, et sert parfaitement le propos. On retrouve l’authenticité du climat fiévreux et urbain de Marseille, ce qui est l’une des grosses qualités des scénaristes. Ces derniers signent un travail fusionnel avec celui de Tom McCarthy. La réalité sert la fiction, et vice-versa. Une recette délicate, mais qui fait des étincelles quand elle est intelligemment composée.

Concernant la mise en scène, Tom McCarthy n’a pas pour objectif de nous couper le souffle et de faire de Marseille, un parc d’attraction. Le spectacle à l’américaine est mis de côté, pour nous offrir un long métrage intimiste et palpitant. Le réalisateur n’expédie rien à l’arraché, tout est contrôlé jusqu’au bout. On ne tombe pas dans les poncifs et les clichés du genre, bien au contraire. Tom McCarthy reste dans la sobriété qu’on lui connait, et cela favorise le réalisme et notre attachement envers les personnages. Il faut également souligner la photographie de Masanobu Takayanagi (Hostiles, Les Brasiers de la Colère), qui véhicule à merveille cette sensation de fièvre froide dans le souffle méditerranéen. La séquence au stade Vélodrome cristallise parfaite cette atmosphère.

Devant la caméra, Matt Damon se montre particulièrement remarquable. Son interprétation reflète un véritable attachement à sa son personnage. Aussi bien dans les émotions, que dans la gestuelle, l’acteur américain donne totalement corps à Bill Baker. Malgré tant d’années de carrière, on découvre une nouvelle facette de l’acteur. A ses côtés, Camille Cottin est également impeccable. Cela nous fait plaisir de voir l’actrice française dans ce registre et dans un film international. La révélation du film est sans aucun doute, la jeune Lilou Siauvaud. Une prestation convaincante, qui amène à un trio très attachant. Et pour finir, Abigail Breslin se montre intéressante, sous les traits d’un personnage ombragé par son père et sa situation personelle.

En résumé, Stillwater se démarque totalement des productions Europacorp (Taken, Le Transporteur…). Tom McCarthy nous offre un drame qui flirte avec le thriller, sans patauger dans des clichés et un montage frénétique. On savoure ce regard aiguisé sur l’Amérique profonde, Marseille et le système judiciaire. Matt Damon est impérial !

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